La charge mentale du manager

Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Je suis en train de préparer le repas et je repense encore à la réunion de l’après-midi avec Marie, une des membres de mon équipe nouvellement arrivée, qui rencontre des difficultés pour s’intégrer dans l’équipe. Ça me tourne dans la tête… Comment l’aider alors que la majorité de l’équipe travaille à distance ?

Comme Pierre, manager d'une équipe de 5 personnes à distance, vous posez-vous aussi ce genre de question pendant la lecture d’un bon livre, la préparation d’un repas, sous votre douche ou plus encore, dans votre sommeil ?

Les résultats de notre récent sondage auprès des managers le prouve : la « Chargus Mentalus » ou charge mentale est bien présente et ses formes sont multiples.

C’est le moment de faire un point bien mérité en lisant notre analyse et nos recommandations.


La charge mentale : une progression sournoise et systémique

Le 1er confinement lié au Covid19 a mis tout le monde en situation d’urgence absolue et une nouvelle vie s’est organisée entre confinement et télétravail imposé.

Tandis que certains s’affolaient déjà de ses conséquences sur les vies de millions (milliards) d’individus, d’autres y voyaient avec une certaine légèreté ou une forme de résilience une étape insolite de leur vie et la possibilité bienvenue de changer de rythme (plus de transports à prendre, des apéros à distance entre amis, des moments privilégiés en famille, une nouvelle organisation de son temps, etc).

Et puis, la fin du confinement a sonné et la vie a repris son cours, encore un peu chahutée mais presque « normale » pour certains.

L’image d’Epinal de la « vie d’avant » avec ses sorties, ses rencontres et sa liberté est rapidement revenue au premier plan. L’été dernier en a été une bonne démonstration dans de nombreux pays. Le système tend toujours à revenir à son état d’équilibre !

C’est alors que, telle une massue, un 2ème confinement a pointé le bout de son nez, suivi de près par un violent couvre-feu et voici que ce semblant d’équilibre retrouvé a été totalement remis en cause : plus de sorties, plus de voyages, plus de moments conviviaux, plus d’accès à la culture… plus de liberté ! Et le retour en force du télétravail.

Tirez, tirez sur l’élastique et il finira bien par casser…

Pour les managers, pris dans la tourmente initiale de l’organisation à tout prix (équipes, projets, tâches, plannings, etc), les questions ont commencé à s’amonceler au même rythme que les réorganisations internes (signe des temps actuels) :

« Suis-je toujours légitime en exerçant mon management à distance ? »

« Comment accompagner l’intégration à distance dans l’équipe de mes nouveaux collaborateurs ? »

« Comment rassurer mes collaborateurs face aux changements pressentis en interne ? »

« Comment donner du sens à nos actions ? »

« Comment maintenir du lien au sein de mon équipe et en dehors ? »

Seulement voilà, dans la majorité des organisations, les managers font souvent office de variable d’ajustement pour absorber les déviances, les écarts et les nouveautés induits pour tous par le changement (voir "Lost in Management" de François Dupuy)

Si les collaborateurs sont confrontés aux difficultés d’une situation nouvelle et inédite, les managers y ajoutent une dimension complémentaire : ils sont pris entre les attentes de performance de leur direction et les attentes génératrices de sens de leurs collaborateurs. (voir travaux de Michel Fiol et Michel Lebas, 1998)

Ils doivent donc composer avec le Top, le Down et eux-mêmes !

Et les voilà rentrés dans la spirale de la fameuse « Charge Mentale », trop souvent mal appréhendée par notre société comme par les organisations publiques ou privées.

Qu’est-ce que la Charge mentale ?

Mais enfin, pourquoi est-elle justement si mal appréhendée ?



Peut-être déjà parce que l’utilisation du terme à évoluer et que nous en avons maintenant une définition bien différente d’une personne à une autre.

A l’origine, la notion de charge mentale découle en droite ligne de travaux sociologiques menés dans les années 80.

Les sociologues parlaient alors de charge mentale domestique pour évoquer la place occupée par les tâches domestiques dans l’esprit des femmes qui travaillaient en parallèle.





Dans le cas de la charge mentale des managers, l’influence d’une nouvelle organisation du travail à distance (abusivement appelée « télétravail ») (voir magazine Enjoy Ask'n Get by ARANSI sur le télétravail) a grandement contribué à un profond bouleversement chez les managers.

Ils se sont retrouvés à devoir organiser et animer leur équipe tout en gérant la fragilité d’un équilibre vie pro/vie perso affecté par le travail « à la maison ».

La charge mentale domestique s’est ainsi transformée en charge mentale professionnelle.

Un comble ou un signe des temps d’un travail beaucoup trop présent à la maison !



Les hypothèses sont nombreuses pour tenter de cerner les raisons possibles de la difficulté à repérer la charge mentale.



Nous avons choisi de retenir les deux suivantes :

Un nouveau rythme insidieux de travail ;
La dynamique de temps et l’impression d’une reprise totale de l’activité en « yo-yo » des derniers mois ont masqué ce qui était souvent en train de s’installer plus durablement.
Si le rythme idéal du télétravail est de 1 à 2 jours/semaine, le trop est l’ennemi du bien.
En effet, de nombreux managers ont poursuivi leur travail à distance dans le cadre des mesures sanitaires préventives en entreprise.
Avec 5 jours/semaine d’activité à distance et souvent en visioconférence, l’éloignement et l’immobilisme physique ont fini par atteindre sérieusement les besoins physiques et la nature sociale qui caractérisent les êtres humains.

La baisse de qualité des échanges ;
La fluidité et la qualité des échanges ont été profondément affectés par la distance physique comme par le contexte.
Pas facile de se poser pour réfléchir et parler de soi et des autres alors même que le brouhaha d’une maisonnée résonne alentours ou que le conjoint est lui-même soumis aux mêmes contraintes et difficultés que les siennes.



Les conséquences sont, à l’image de la charge mentale, subtiles et délicates comme le montrent les résultats de notre récent sondage Ask’n Get by ARANSI, réalisé auprès de managers d’équipe et de projet (semaine du 15/02/2021 au 22/02/2021) :

Si 5% d’entre eux sont affectés par une interruption totale de leur communication avec les autres, 51% des managers sondés estiment que leur charge mentale se traduit en priorité par le fait de penser en permanence au travail ;

21% des managers évoquent des conséquences plus inquiétantes sur la qualité de leur sommeil ;

Enfin, 23% des managers ne prennent plus le temps de se poser et de se reposer.



Autant d’informations qui traduisent la grande variété des effets pervers susceptibles d’être revêtus par la charge mentale.

Une charge mentale qui s’installe insidieusement, perturbant l’équilibre intrinsèque des managers : équilibre mental, physique et physiologique.

Les pensées envahissent le moindre espace libre de la « mémoire vive » et c’est le risque de saturation

Dans le cas de Pierre, notre manager d’équipe, l’éloignement physique de ses collaborateurs et l’immobilité de son corps, contenu dans l’espace de son ordinateur ou de son téléphone, ont généré chez lui une forme de procrastination et de frustration : baisse de la motivation, difficulté à gérer et prioriser les demandes et un sentiment de fatigue récurrent.

Comment alléger la charge mentale ?

Le risque de la charge mentale réside avant tout dans la difficulté de certains managers à en prendre conscience.

En ligne de mire, un vrai risque de burn-out !



Alors avant de le laisser vous emporter, voici quelques parades :

Prenez conscience des micro-signaux
Toute action commence par une prise de conscience. Revisitez les résultats de notre sondage. Si vous entrez déjà dans une de ces catégories, STOP !
Le signal est au rouge.
Passez un rapide coup de scanner sur l’ensemble des points suivants :
Vos ressentis et vos émotions : quels sont-ils ? comment influencent-ils votre vie, vos réactions et vos actions ?
Vos pensées : quelle place vos pensées personnelles occupent-elles dans votre vie professionnelle ? quelle place vos pensées professionnelles occupent-elles dans votre vie personnelle ?
Vos actions (ou inactions) managériales : quelles sont les actions que vous avez réellement mises en œuvre ? sur quels sujets êtes-vous concrètement en train de procrastiner ?

Revisitez les piliers de l’équilibre personnel
Quelle est la part de ma vie professionnelle ? celle de ma vie familiale ? celle de ma vie sociale ou amicale ?
Qu’est-ce que je ne prends plus le temps de faire pour moi ?

(Re)-Communiquez !
Partager une part de sa charge mentale constitue une première alternative primordiale.
Plus vous vous renfermez sur vous-mêmes et plus vos pensées viendront occuper le peu d’espace restant. Vous connaissez peut-être "Pensouillard le Hamster" (voir "On est foutu, on pense trop" de Serge Marquis) ?
Si non, c’est le moment de le découvrir. Si oui, c’est le moment de l’arrêter dans sa roue !
Choisissez l’interlocuteur qui vous semble le plus ouvert à vous entendre et à vous écouter (il y a une nuance) et faites-lui part de vos besoins spécifiques (et fonction de votre interlocuteur).

(Re)-Bougez !
Qu’en est-il de votre activité physique ? Quelle place donnez-vous dans votre vie à la dynamique du corps ? Quel lien faites-vous avec celle de l’esprit ?
C’est peut-être le moment d’aller prendre un bon bol d’air : marchez, courez, bougez… vivez !

Dans le cas de Pierre, l’opportunité d’un échange avec sa direction a permis de matérialiser une forte charge mentale et de l’engager au-delà de sa prise de conscience dans une démarche de prise de rendez-vous avec un expert Ask’n Get by ARANSI.

Il a ainsi pu contextualiser son besoin et bénéficier de conseils pratico-pratiques à mettre en œuvre rapidement pour reprendre le dessus.

Découvrez Ask’n Get by ARANSI pour prendre du recul sur votre management et bénéficier de conseils contextualisés et sur-mesure délivrés par nos experts.